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Sécurité: les fermes intentions du PS
Marcelo Wesfreid - L'Express - 05/10/2010 le 07/10/2010, 15 03 15 (UTC) | | Accusés d'angélisme, les socialistes se montrent très pragmatiques sur le terrain. Ils doivent encore faire évoluer leur doctrine. S'ils veulent être crédibles pour 2012.
Jour de conseil municipal à Lille. Ce 20 septembre, Martine Aubry annonce solennellement qu'elle a une "communication à faire". A la surprise générale, la socialiste se lance dans un discours fleuve sur la "sécurité", ce "droit fondamental" sur lequel elle s'est pourtant bien peu exprimée jusqu'à présent.
Elle tient à détailler sa méthode, mêlant dialogue avec les parents, sanctions échelonnées selon les délits, mais aussi police municipale (95 agents), brigade canine et vidéosurveillance. A ce moment-là, elle se tourne vers son principal opposant à Lille. Et le fusille du regard.
Dans la presse, l'UMP Christian Decocq a eu le malheur d'expliquer qu'Aubry était hostile aux caméras, sous prétexte qu'elles font peser une menace sur les droits de l'homme. "Je n'aime pas que la ville soit salie, s'emporte alors la maire, pas mécontente de prendre le contre-pied de ses détracteurs. Assez de contrevérités. Il n'y a pas 100 caméras à Lille, comme vous le dites, mais 4 500. J'ai la liste officielle sous les yeux."
Abasourdi d'entendre la patronne du PS revendiquer fièrement un tel parc, Decocq salue au micro "une nouvelle étape" dans la "réflexion" d'Aubry.
A gauche, le ton change
Fatigué d'être taxé de laxisme, le Parti socialiste met en avant son expérience du terrain. Argument crédible puisque les socialistes dirigent l'essentiel des grandes villes, des régions et des départements, avec des pratiques souvent éloignées du discours du PS sur la sécurité.
Signe des temps, les villes les plus vidéosurveillées de France sont Paris (30 000 appareils), où la municipalité socialiste finance en partie le déploiement de 1 000 nouvelles caméras, à l'initiative de la préfecture de police. Et Lyon, dirigée par Gérard Collomb (PS). "Il y a un effet de mode, remarque le sociologue Laurent Mucchielli, directeur de recherches au CNRS. La vidéosurveillance coûte cher, son impact sur la délinquance de voie publique est faible, mais cela rassure et permet aux maires d'afficher quelque chose de visible."
"Le but n'est pas d'élucider, mais de prévenir la délinquance", rétorque Collomb. Il a également doté Lyon d'une police municipale de 338 personnes. Si le PS continue à marteler que l'autorité est une mission régalienne, dans les faits nombre de maires acceptent la municipalisation des forces de l'ordre. Sous la pression de la population, les élus veulent couper court à tout procès en angélisme.
La ligne du PS sur la sécurité commence à vaciller. Elle reposait sur un triple credo: la répression est inséparable de la prévention ; la police doit agir au plus près des populations ; la délinquance est une conséquence de la crise sociale. A l'heure où le nombre d'atteintes aux personnes augmente, ce dernier point de doctrine ne convainc plus les élus. "L'approche sociale n'est pas suffisante", estime Thierry Mandon, le maire (PS) de Ris-Orangis, dans l'Essonne. "La délinquance est aussi un geste individuel", rappelle Daniel Goldberg, député PS de la Seine-Saint-Denis, en région parisienne.
"Ne perdons pas notre temps à nous appesantir sur les causes", renchérit Abdelhak Kachouri, symbole d'une nouvelle génération d'élus qui n'ont pas leur langue dans leur poche. A 33 ans, ce jeune homme vient d'être nommé vice-président de la région Ile-de-France chargé de la sécurité. Il a grandi dans les cités de Saint-Ouen. C'est dans les quartiers sensibles qu'il veut voir les forces de l'ordre. "Confions à des entreprises privées la surveillance des ambassades et des ministères, lâche-t-il. Les policiers, eux, doivent être déployés dans les endroits où la nouvelle délinquance, plus dure, s'est installée."
Le nouvel angle d'attaque du PS
Plus question de s'alarmer de la menace sur les libertés, comme c'était encore le cas en 2009, où un meeting au Zénith sur ce thème avait fait un flop. Oubliée, la menace Big Brother. Le PS ne conteste plus les objectifs, mais l'absence de moyens et de résultats de Nicolas Sarkozy.
Trop de gesticulations, trop de lois inapplicables, trop de saignées dans les effectifs. En trois ans, 9 000 postes auraient été supprimés. "On nous envoie trois cars de CRS quand des bandes s'affrontent. Ils repartent aussitôt, constate René Rouquet, le maire d'Alfortville (Val-de-Marne). Ces actions médiatisées ne font qu'exciter la petite délinquance." Ségolène Royal résume : "C'est la droite qui crée l'insécurité."
La culture du chiffre, elle aussi, est dans le collimateur. Pour être bien notées, les forces de l'ordre multiplient les interventions simples. "Pendant que les policiers verbalisent des automobilistes qui téléphonent en conduisant, personne ne s'occupe des trafics dans les quartiers", explique Martine Aubry à L'Express.
Et de poursuivre : "Longtemps, la droite nous accusait de ne savoir faire que du social. Nous avons prouvé que nous savions gérer les villes. Faisons la même chose avec la sécurité. Notre image va changer, même si cela prend du temps."
La gauche doit clarifier ses positions
Si elle revient au pouvoir, elle abrogera, c'est sûr, les peines plancher contre les récidivistes ou la rétention de sûreté. Mais que proposera-t-elle ? D'ici à janvier 2011, le PS veut avoir actualisé son logiciel sécuritaire. Avec pragmatisme.
"Il n'y a pas de solution miracle", prévient Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national à la sécurité et coorganisateur d'un prochain forum sur le sujet avec le sénateur maire de Dijon, François Rebsamen.
Pourtant, la tentation des slogans reste forte pour masquer les béances doctrinales. "Au PS, on parle beaucoup de nouvelle police de proximité, mais personne ne détaille ce que serait le nouveau dispositif, note Laurent Mucchielli. Idem, quand Ségolène Royal parle de camps militaires pour les jeunes délinquants. Quel serait le rôle des militaires ? Pour faire quoi ?"
A dix-neuf mois de la présidentielle, ce flou idéologique pourrait nuire à la gauche. Déjà, ses contradictions l'avaient fait trébucher en 2002 et 2007. Mais Aubry refuse de s'inquiéter. "Nous ferons des propositions.
Et puis la sécurité ne sera pas le thème principal de la présidentielle de 2012, assure-t-elle. Ce n'est plus que le septième sujet dans l'ordre des préoccupations des Français. Ce serait une erreur de le laisser se réinstaller." | | |
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Report de la Loppsi, nouvelles annonces de Brice Hortefeux
Hervé Jouanneau - La Gazette des Communes - 05/10/2010 le 06/10/2010, 05 05 54 (UTC) | | Alors que l’examen du projet de loi d’orientation et de programmation pour la sécurité est reporté à novembre, l’Association des maires de France fait le point sur les mesures adoptées qui visent les collectivités. De son côté, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, annonce la fin des "tâches indues de la police nationale".
Initialement prévu le 5 octobre, l’examen en deuxième lecture par l’Assemblée nationale du projet de loi d’orientation et de programmation pour la performance de la sécurité intérieure (Loppsi) est reporté à novembre en raison de la prolongation des débats sur le projet de loi relatif à l’immigration. « Le texte sera débattu la semaine du 22 novembre à l’Assemblée et à partir du 13 décembre au Sénat », a précisé le ministre des relations avec le Parlement, Henri de Raincourt. « Le calendrier prévisionnel initial est donc préservé en permettant une adoption définitive de la Loppsi avant la fin du mois de décembre », a-t-il ajouté.
La semaine dernière, la commission des lois a donné son feu vert aux nouvelles mesures sécuritaires annoncées en juillet par le président de la République, lors de son discours de Grenoble. Le texte comporte également une série de dispositions intéressant les collectivités territoriales.
Ces mesures, qui font l’objet d’une note de décryptage de l’Association des maires de France (révélée par la Fédération Autonome de la FPT), concernent principalement l’encadrement juridique de la vidéosurveillance et l’augmentation des compétences des polices municipales.
La fin des « tâches indues » de la police nationale ?
Par ailleurs, le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux a promis le 4 octobre, devant les syndicats de la police nationale, la fin de certaines « tâches indues » assurées par les forces de l’ordre afin de les déployer sur le terrain sans tailler les effectifs. Dans son discours le ministre a estimé que « dans le travail des policiers et des gendarmes, il y a actuellement un excès de charges indues qui ne correspondent pas à leur cœur de métier ». « Certaines relèvent de l’activité judiciaire », a-t-il poursuivi, ajoutant avoir « travaillé » avec la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, « afin d’arrêter un calendrier d’abandon » des transfèrements de détenus et de la garde de ceux hospitalisés, tâches assurées jusque là par les forces de l’ordre.
Dans un délai de trois ans, leur a-t-il promis, « tous les transfèrements judiciaires seront progressivement pris en charge par l’administration pénitentiaire », sans précision de financement. De même, autre révolution, les « unités hospitalières sécurisées (UHSI) relèveront toutes de la compétence de la justice dès la fin du premier semestre 2011″, ainsi que la « police des audiences sauf risques très particuliers pour l’ordre public ». Tout cela représentera, a assuré le ministre, « un gain net d’emplois de l’ordre de 1.000 emplois à terme pour la police et la gendarmerie ». Ce n’est pas tout, selon Brice Hortefeux, des « tâches indues de nature administrative comme les procurations de vote » doivent passer à la trappe.
« J’espère en convaincre l’Assemblée nationale » lors de l’examen du texte sur la sécurité (Loppsi 2), a-t-il promis. Le dossier des « charges indues » est sans doute loin d’être clos. Plusieurs groupes de travail, constitués auprès de la direction générale de la police nationale, se sont réunis en septembre, dont l’un consacré aux « polices municipales ».
Les policiers municipaux reçus Place Beauvau
L’actualité du secteur est également dominée par la réunion, le 6 octobre, de l’intersyndicale des policiers municipaux, à la veille d’une rencontre avec les représentants du ministère de l’Intérieur au sujet de l’indemnité spéciale de fonction. Parallèlement, l’Inspection générale de l’administration (IGA) continue ses auditions et devrait remettre son rapport sur les polices municipales au début du mois de novembre. | | |
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Hortefeux annonce la fin des "tâches indues" pour les policiers et gendarmes
Rémy BELLON - AFP - 05/10/2010 le 05/10/2010, 15 03 03 (UTC) | | Transfert de détenus, gardes statiques, procurations de vote: le ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a promis la fin de certaines "tâches indues" assurées par les forces de l'ordre afin de les déployer sur le terrain sans tailler les effectifs.
Le ministre a reçu lundi les syndicats de gardiens de la paix afin de leur détailler le budget 2011 de l'Intérieur.
Selon des sources syndicales policières, il leur a alors promis la disparition progressive de certaines "tâches indues" assurées jusque là par policiers et gendarmes, un serpent de mer qui resurgit en période de crise.
Dans son discours devant les syndicalistes que s'est procuré mardi l'AFP, M. Hortefeux a estimé que "dans le travail des policiers et des gendarmes, il y a actuellement un excès de charges indues qui ne correspondent pas à leur coeur de métier".
"Certaines relèvent de l'activité judiciaire", a-t-il poursuivi, ajoutant avoir "travaillé" avec la garde des Sceaux, Michèle Alliot-Marie, "afin d'arrêter un calendrier d'abandon" des transfèrements de détenus et de la garde de ceux hospitalisés, tâches assurées jusque là par les forces de l'ordre.
Dans un délai de trois ans, leur a-t-il promis, "tous les transfèrements judiciaires seront progressivement pris en charge par l'administration pénitentiaire", sans précision de financement.
De même, autre révolution, les "unités hospitalières sécurisées (UHSI) relèveront toutes de la compétence de la justice dès la fin du premier semestre 2011", ainsi que la "police des audiences sauf risques très particuliers pour l'ordre public".
Tout cela représentera, a assuré le ministre, "un gain net d'emplois de l'ordre de 1.000 emplois à terme pour la police et la gendarmerie".
Ce n'est pas tout, selon M. Hortefeux: des "tâches indues de nature administrative comme les procurations de vote" doivent passer à la trappe. "J'espère en convaincre l'Assemblée nationale" lors de l'examen du texte sur la sécurité (Loppsi 2), a-t-il promis.
Les syndicats de gardiens de la paix se sont réjouis mardi de ces annonces qui, selon eux, permettront de déployer des effectifs supplémentaires sur le terrain. Le gouvernement y voit un moyen de faire des économies sans tailler dans les effectifs en période de crise, observent-ils.
Preuve de ce souci d'économies dans son ministère, M. Hortefeux a annoncé une "réforme des services d'ordre payants" qui "va entrer en application dans les prochains jours". "L'objectif est un dispositif commun" police/gendarmerie "incitant à réduire les moyens mobilisés pour les grandes manifestations (ndlr, matches de football, grands concert, etc ...)".
Unité police SGP-FO (premier syndicat) et Alliance (deuxième syndicat) ont applaudi ces annonces. Le second a toutefois dit que les gardes statiques (ndlr, devant les bâtiments officiels, les "plantes vertes" dans le jargon policier) "restent à supprimer".
Quatre groupes de travail sur les tâches indues sont en place depuis quelque temps à l'Intérieur, selon des sources policières. Ils visent aussi "à rationaliser et augmenter" les transferts de charges vers la police municipale ou les sociétés privées. | | |
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Le maire d'Hossegor (40) va porter plainte contre ses deux policiers municipaux
Jefferson Desport - Sud-Ouest - 05/10/2010 le 05/10/2010, 15 03 02 (UTC) | | Xavier Soubestre réagit après la mise en examen de deux de ses fonctionnaires.
Xavier Soubestre, le maire d'Hossegor, se serait bien passé de pareille publicité : le placement sous contrôle judiciaire strict du chef de la police municipale et de l'un de ses hommes. Lesquels, comme on le sait, ont été mis en examen pour abus de confiance, faux en écriture et concussion, une infraction qui, pour mémoire, consiste, pour un fonctionnaire, à percevoir des sommes non dues en abusant de son pouvoir. Une affaire qui, si elle a mis la cité océane en émoi, devrait conduire Xavier Soubestre à porter plainte contre les deux agents dans les jours qui viennent. Cette action lui permettra de prendre connaissance, dans son intégralité, de cet embarrassant dossier dont il a découvert l'existence la semaine dernière seulement : « Mercredi, j'ai reçu un appel de ma directrice générale des services qui me demandait de venir au plus vite à la mairie parce qu'elle avait dans son bureau le procureur de la République ainsi que les gendarmes. »
Fausses factures ?
Avant cette visite surprise, il ignorait tout des prétendus agissements de ces deux policiers municipaux. Lesquels sont fortement soupçonnés d'avoir détourné à leur profit une partie des redevances versées par les marchands ambulants qui animent le marché d'Hossegor ainsi que des taxes de séjour. Et ce depuis plusieurs années. Toute la tâche des enquêteurs consistera donc à mettre au jour ce système d'évaporation d'argent. Plusieurs scénarios sont étudiés : de la fausse facture à un procédé plus simple encore qui consisterait à encaisser l'argent des places de marché, mais sans donner de « bon » en contrepartie. Ainsi, la transaction n'apparaît nulle part. Et surtout pas sur les registres municipaux.
Une question de mode opératoire à laquelle ne peut répondre, à ce jour, Xavier Soubestre. « Je ne sais pas, dit-il. Nous sommes abasourdis. C'est incroyable. On les connaît depuis des années. Mais autant j'ai pu râler contre les policiers municipaux parce que je trouvais qu'ils n'étaient pas assez présents sur les problèmes de circulation et de stationnement, autant je n'ai jamais mis en doute leur honnêteté. Ça ne me serait même pas venu à l'idée. Ils faisaient partie de la maison. » Une confiance totale que l'élu revendique : « Si on ne peut pas faire confiance à des policiers municipaux, à qui peut-on faire confiance alors ? »
Un sentiment de « trahison »
Cependant, si les deux agents bénéficient toujours de la présomption d'innocence, Xavier Soubestre parle désormais de « trahison ». « Ce que je ressens va au-delà de la déception », dit-il. Depuis mercredi, il n'a eu aucun contact avec eux. « De toute façon, ils n'ont pas le droit de parler », précise-t-il. Un silence également partagé par les plaignants. « Deux plaintes ont été déposées en juin auprès du parquet de Dax, précise Xavier Soubestre. L'une de ces plaintes a même été doublée au président de la République… Néanmoins, je ne connais pas l'identité de ces gens. Ils veulent rester anonymes par peur de représailles. »
En attendant d'y voir plus clair, le maire d'Hossegor reçoit cet après-midi le représentant des commerçants ambulants afin de leur permettre de venir jusqu'à la Toussaint. « Il va falloir aussi que je recrute de nouveaux policiers », constate-t-il. Avant cette affaire, ils étaient six. Depuis mercredi, ils ne sont plus que quatre. | | |
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Le rôle des sociétés privées de sécurité se renforce
Marie BOËTON - La Croix - 04/10/2010 le 05/10/2010, 07 07 54 (UTC) | | Alors que la police délègue de plus en plus de missions à des entreprises privées de sécurité, la loi Loppsi 2 – examinée mardi 5 octobre par les députés – prévoit une meilleure régulation du secteur
Les agents de sécurité ne connaissent pas la crise. À l’heure où les policiers voient leurs effectifs chuter substantiellement dans le cadre de la réduction des dépenses publiques, jamais les entreprises privées de sécurité n’ont autant recruté. Et ce, dans tous les domaines : qu’il s’agisse des vigiles postés à l’entrée des centres commerciaux, des maîtres-chiens sillonnant les gares, du personnel de sûreté chargé des fouilles dans les aéroports ou des agents assurant la sécurité aux abords des stades, des hôpitaux ou des tribunaux…
Avec une croissance moyenne de 3 % par an, les entreprises du secteur – qui embauchent aujourd’hui 165 000 salariés – pourraient compter 200 000 agents dans les cinq ans à venir. De quoi, à terme, talonner les effectifs de la police et de la gendarmerie qui, réunis, se chiffrent à 248 000.
Si les patrouilles sur la voie publique, le recours à la coercition ou les contrôles d’identité relèvent encore exclusivement du champ régalien, les palpations, les fouilles de bagages ou le visionnage d’enregistrements vidéo (1) peuvent désormais être confiés aux agents de sécurité. Ce transfert progressif de compétences n’a rien de nouveau, mais il devrait encore s’étendre sous l’impulsion de Nicolas Sarkozy.
"Coproduction" de sécurité
Le chef de l’État avait fait sensation à la fin de 2008 en se déclarant favorable à une « coproduction » de sécurité. Conformément aux vœux présidentiels, le ministère de l’intérieur envisage de sous-traiter aux entreprises de sécurité les transferts des détenus (entre prison et tribunal) ou de recourir à leurs services pour sécuriser certains bâtiments officiels. Preuve des nombreuses missions qui pourraient échoir au marché, un délégué interministériel à la sécurité privée vient d’être nommé par Matignon, en l’occurrence Jean-Louis Blanchou, ancien directeur de la sûreté des Aéroports de Paris. Sa mission : coordonner l’action des services de l’État à l’égard des entreprises de sécurité.
L’expansion du secteur découle d’une demande accrue de sécurité de la population ces dernières années. Mais pas seulement. « Les pouvoirs publics ont intérêt à transférer un maximum de tâches vers le privé. Et ce, pour des raisons financières, estime Frédéric Ocqueteau, sociologue au CNRS et spécialiste des politiques de sécurité. Un salarié du privé coûte sensiblement moins cher qu’un fonctionnaire puisqu’il est payé à la prestation et sur une base horaire. » Un atout de taille à l’heure des restrictions budgétaires imposées par la révision générale des politiques publiques (RGPP).
Devenues fréquentes, ces délégations de compétences n’en font pas moins polémique. Les entreprises privées de sécurité sont en effet régulièrement pointées du doigt pour le faible niveau de formation de leurs recrues, mais aussi du fait des entorses à certaines règles déontologiques de base dont se rend coupable une partie de la profession. « Si nous ne sommes pas opposés par principe au fait de déléguer toute une partie de nos activités au secteur privé, il est urgent qu’il se moralise », assure Patrice Ribeiro, le secrétaire général du syndicat d’officiers de police Synergie. Et d’ironiser : « Car soyons clair, personne n’a envie qu’un agent de sécurité ayant un casier judiciaire fouille son sac à main… »
Des milliers de salariés travailleraient sans carte
En cela, la loi Loppsi 2 – examinée aujourd’hui en seconde lecture à l’Assemblée nationale (...) – pourrait constituer une avancée. Le texte du gouvernement prévoit en effet la création d’un Conseil national des activités privées de sécurité (Cnaps). Cet organe aura pour mission de délivrer les agréments aux futurs salariés du secteur, de préparer un code de déontologie et d’harmoniser les pratiques de la profession. Mais aussi de veiller au strict respect de la loi. Car entre le texte et la réalité, les écarts sont parfois saisissants.
Ainsi sur le papier, seuls les agents ayant suivi une formation spécifique dans le domaine de la sécurité et ayant un casier judiciaire vierge peuvent obtenir une carte professionnelle – condition sine qua non pour être embauché. Dans les faits, des milliers de salariés travailleraient sans carte. Plus grave, certains seraient des repris de justice. Pour échapper aux contrôles menés par les préfectures, il leur suffit d’opter pour le statut d’auto-entrepreneurs. La loi stipule en effet que seuls les « salariés » des entreprises de sécurité doivent faire l’objet d’une vérification poussée. Elle n’évoque pas le cas des auto-entrepreneurs… C’est précisément ce genre de contournement de la loi auquel devrait s’attaquer le Cnaps.
Aux dires des patrons du secteur, il serait trompeur de voir dans cette nouvelle instance une panacée. « C’est une incontestable avancée mais les pratiques parfois litigieuses de la profession perdureront tant que les prix imposés par les donneurs d’ordre – et notamment par certains grands établissements publics – resteront à leur niveau actuel, redoute Michel Ferrero, président du Syndicat national des entreprises de sécurité (Snes).
Immigrés clandestins
Car aujourd’hui, les tarifs pratiqués dépassent à peine le prix de revient des prestations. C’est dans ce contexte que certains patrons vont jusqu’à rémunérer des immigrés clandestins sur lesquels il est malheureusement facile de faire pression. » En juillet 2009, la SNCF s’était retrouvée au cœur d’une vive controverse pour avoir eu recours à une entreprise de gardiennage employant des maîtres-chiens sans papiers.
À entendre le secrétaire national du PS chargé de la sécurité, le député du Finistère Jean-Jacques Urvoas, la création du Cnaps ne doit pas exonérer le Parlement d’un débat de fond sur l’avenir du marché de la sécurité. « Déléguer au privé n’est pas choquant en soi, car cela permet aux policiers de se recentrer sur leur cœur de métier. Que ces transferts se fassent au coup par coup sans ligne directrice claire sur ce qui relève ou non du domaine régalien est davantage sujet à caution. »
(1) Exclusivement dans les établissements privés, non sur la voie publique.
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BEAUVAIS/ Policier municipal : « un statut bâtard »
Mélanie Carnot - Le courrier Picard - 30/09/2010 le 05/10/2010, 07 07 48 (UTC) | |
Christopher a été condamné mardi à 2 ans de prison avec sursis pour avoir renversé deux policiers municipaux. Son procès a relancé le débat sur les missions de ces agents.
Mardi soir, le jugement du jeune chauffard ayant foncé sur deux policiers municipaux dans la soirée du 11 septembre tombait. Deux ans de prison avec sursis. Et voilà qu'on relançait aussi le débat sur les compétences et les missions de la police municipale.
Ce procès ? « Un exemple concret de ce qui cristallise les pouvoirs publics en ce moment », rappelait Me Gilbert Delarue, l'avocat du prévenu, au début de l'audience.
Mardi après-midi, c'est bien sur ce terrain-là que se sont affrontées les deux parties. D'abord sur les différences entre le contrôle d'identité et le relevé d'identité. « Je persiste à dire qu'il y a eu un décalage entre le comportement adopté par les policiers et la scène - une histoire de ballon - à laquelle ils étaient confrontés », insistait Me Delarue. Sur ce point, le tribunal a prononcé une illégalité du contrôle d'identité.
Les représentants syndicaux, venus soutenir deux des trois policiers municipaux présents à l'audience, étaient très amers. « J'ai eu l'impression que les victimes étaient des accusés. On n'a toujours pas obtenu une définition claire du relevé d'identité, soulève Mathieu Volant, délégué national du SNPM (Syndicat national des policiers municipaux). Comment peut-on travailler demain pour établir un procès verbal pour tapage sans demander l'identité ? Notre statut est décidément un statut bâtard ».
Perçus comme des « sous flics »
Mais par-delà le contrôle d'identité, c'est le domaine d'intervention des policiers municipaux qui a été discuté.
« Nous sommes aujourd'hui de plus en plus sollicités pour combler les effectifs de la police nationale, rappelle Stéphane Legrand, lui aussi délégué national du SNPM. Nos statuts restent pourtant inchangés ».
Les missions de ces nouveaux « policiers de proximité » seraient-elles réellement sur le point d'évoluer ? Ils sont aujourd'hui 20 000 en France. La loi Loppsi devrait apporter quelques réponses. Reste à se construire une image auprès du public qui les considère encore comme des « sous flics ».
Mardi, en attendant que le procès ne commence, on ne comprenait pas pourquoi certains « ne sont pas dignes de leur uniforme ». La maman du prévenu allait jusqu'à se demander : « Si la police nationale était intervenue, la situation aurait-elle dégénéré comme ça ? Les policiers municipaux n'ont pas su parler ». | | |
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