Sécurité locale: polices territoriales, polices municipales, gardes champêtres, ASVP et autres sujets
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A La Rochelle, les socialistes prennent à bras-le-corps le problème de la sécurité
Christine POUGET - AFP - 29/08/2010 le 30/08/2010, 09 09 26 (UTC)
 Ne pas tomber dans le piège sécuritaire tendu par Nicolas Sarkozy, mais aborder la sécurité "sans complexe" et "avec fermeté": les socialistes ont pris à bras-le-corps le problème lors de leur université d'été à La Rochelle et veulent "mieux" prévenir et punir.

Après un mois d'août où le PS n'a eu de cesse de dénoncer la "surenchère sécuritaire" de Nicolas Sarkozy avec le discours de Grenoble, Martine Aubry a déploré à La Rochelle un "été de honte pour la France", estimant que les Français ne se sont "pas laissés prendre" à la vaste "opération de manipulation" du chef de l'Etat.

La patronne du PS doit aborder la question en clôturant dimanche la grand-messe du parti. Elle a chargé François Rebsamen et Jean-Jacques Urvoas d'un Forum sur le sujet.

Accusé de "laxisme" par l'UMP, le PS a souvent hésité dans le passé entre manière forte et prévention. Dans ses rangs, Julien Dray ne jugeait-il pas récemment que la sécurité était "l'impensé du PS"?.

A La Rochelle, Ségolène Royal a exhorté à "aborder cette question sans complexe: La sécurité n'est pas de droite". Pour l'ex-candidate à l'Elysée, "il n'y a pas d'un côté, les socialistes rigides et de l'autre, les socialistes laxistes".

"Il n'y a pas de socialistes laxistes sur la sécurité. Tous ceux qui ont des responsabilités se battent pour la sécurité", a dit Mme Aubry.

Il s'agit de "mieux prévenir et punir mieux, plus justement. Fermeté, efficacité et approche globale", résume pour l'AFP M. Rebsamen. "Pour qu'une vraie politique de sécurité se mette en place, il faut du temps", poursuit le sénateur-maire de Dijon qui fait valoir "le poids des élus locaux confrontés à cette difficulté". "Tous les maires sont menacés d'émeutes dans leurs villes", affirme-t-il.

"Nous ne pourrons pas, et il faut le dire avec sincérité, résoudre, rétablir la situation en quelques semaines, quelques mois, voire même quelques années. Donc il faut prioriser", renchérit le député Urvoas, secrétaire national du PS chargé de la sécurité. "Il y a 20 départements qui concentrent 60% de la délinquance, nous les traiterons de manière différenciée", déclare-t-il. M. Rebsamen décline le plan de bataille: le 2 octobre, le PS organisera une réunion de maires de grandes villes pour "faire le diagnostic des échecs de la politique actuelle" et établir un "guide des bonnes pratiques".

Suivront trois ateliers: sécurité avec pour rapporteur M. Urvoas, autorité (Sandrine Mazetier), citoyenneté, discrimination (Najat Belkacem). Fin janvier, la synthèse établira une "approche globale de la sécurité".

M. Rebsamen dessine cinq axes: prévention, dissuasion, sanction -"elle doit être exemplaire, appropriée à l'acte et réelle"-, réparation due aux victimes et réinsertion sociale. La vidéoprotection n'est "pas la panacée", mais est un "outil utile", dit-il.

Face aux 55.000 peines prononcées par les tribunaux qui ne sont pas appliquées, selon Mme Royal qui préconise les internats scolaires et l'"encadrement militaire des délinquants", M. Rebsamen prône plutôt des "encadrements de type militaire".

"Il faut restaurer une présence de la police dans les quartiers", "apporter une réponse pénale pour les mineurs délinquants -- établissements fermés ou internats--", déclare François Hollande, candidat putatif aux primaires.

Pour Manuel Valls, le député-maire d'Evry, également candidat, il faut "renforcer" "toute la chaîne" prévention-sécurité-justice à travers un "contrat partenarial" entre "l'ensemble des acteurs concernés".
 

LES MUREAUX: Les cadets de la police municipale vont faire leur rentrée
A.H. - Le Parisien - 26/08/2010 le 30/08/2010, 09 09 23 (UTC)
 Une nouvelle filière ouvre au lycée Vaucanson. Une douzaine d’élèves vont préparer un CAP d’agent de prévention et de médiation, et cinq intégreront à terme la police municipale.

C’est un dispositif unique en Ile-de-France que s’apprête à lancer la ville des Mureaux, en partenariat avec le lycée Vaucanson et le conseil général des Yvelines. Au sein d’un nouveau CAP agent de prévention et de médiation, qui comptera douze élèves, cinq d’entre eux seront sous contrat avec la ville jusqu’au passage de l’examen d’entrée de la police municipale de la ville.

« Il s’agit de contrats d’apprentis. Ces cinq premiers jeunes gagneront entre 350 € et 500 € par mois, selon leur âge, durant toute la durée du cursus », explique Bruno Le Guillou, conseiller municipal délégué à la sécurité des biens et des personnes. Déjà baptisés les Cadets de la police municipale, ces jeunes, âgés de 16 ans à 18 ans, intégreront donc une filière voulue par le maire en personne, François Garay (DVG): « C’était son souhait depuis trois ans. Mais il a fallu trouver les partenaires, notamment avec le rectorat, pour rendre cela possible », précise le conseiller.

Derrière ce projet, la volonté d’avoir une police municipale plus efficace et plus en phase avec les habitants: « La condition sine qua non pour s’inscrire, en dehors d’avoir un niveau minimum d’un an de CAP, était de venir des quartiers des Mureaux. Car il faut que la police connaisse bien ces quartiers et les gens qui y vivent. »

Alexandre, le plus jeune de cette promotion, n’a que 16 ans, mais, pour lui, les choses étaient claires depuis sa plus tendre enfance: « J’ai toujours voulu être dans la police, l’armée ou la gendarmerie. Depuis un an, j’étais dans un CAP d’horticulture qui ne me convenait pas du tout. J’ai tout de suite postulé. »

Son quartier des Bougimonts, il le connaît par cœur, et lorsqu’il l’arpentera en tenue, il ne se fait aucun souci sur les réactions de ses amis: « Même si je me doute que certains ne comprendront pas, je sais que ça se passera très bien. » Dès le 1er octobre, Alexandre et les autres se lanceront dans cette formation qui comptera quatre cent cinquante heures, en alternance entre les cours et la formation sur le terrain. Mais l’apprentissage ne négligera pas pour autant l’enseignement général.

Les cinq cadets se présenteront à l’examen de la police municipale en 2012 pour en grossir les rangs. Il y a aujourd’hui 14 policiers municipaux et 12 agents de surveillance de la voie publique (ASVP) aux Mureaux. Si l’expérience est concluante, le nombre de places pourrait augmenter, et d’autres communes pourraient envoyer leurs futurs policiers en formation au lycée Vaucanson.
 

Le rapport confidentiel qui soutient la police de terrain
LExpress.fr - 24/08/2010 le 30/08/2010, 09 09 13 (UTC)
 Le rapport a été rédigé par 5 hauts-fonctionnaires appartenant à l'Inspection générale de l'administration, à l'Inspection générale de la police nationale (IGPN) et à l'Inspection générale des services (IGS), au terme d'une enquête de terrain de quatre mois.

Les unités territoriales de quartier sont "utiles et efficaces". C'est une des conclusions du rapport "de la mission d'évaluation des Uteq et des compagnies de sécurisation", remis en janvier 2010 au ministre de l'Intérieur. Extraits exclusifs.

"L'objectif du rapport était de mieux définir, cibler et programmer l'extension éventuelle des unités territoriales de quartier (Uteq) et des compagnies de sécurisation, afin de mieux garantir leur efficacité dans un contexte où l'on observe les attentes fortes d'un certain nombre d'élus, marqués par le souvenir de la police dite "de proximité".

[...] "Le dispositif des unités territoriales de quartier a été conçu dans une optique simple et identifiable: donner aux services de police une capacité d'intervention permanente, nouvelle et visible dans les quartiers dits "difficiles", afin d'affirmer une présence de l'Etat.

Les Uteq, actuellement au nombre de 34, ont pour objectifs de lutter contre la délinquance et les violences urbaines, de rechercher des renseignements opérationnels et de développer le lien de confiance entre la police et la population dans une optique "résolument offensive", dans les quartiers sensibles, avec pour mission plus générale d'y assurer la totalité des missions de police.

Dès l'origine, elles ont été envisagées et "cadrées" avec le souci de se dissocier du concept de "police de proximité" et de ses dérives, tout en recherchant ce qui avait représenté en son temps la motivation initiale de cette approche: le lien police-population."

[...] "Les conditions de déploiement, d'installation et de fonctionnement des Uteq, la manière dont le recrutement et la formation ont été conduits font apparaître des situations diverses et contrastées, parfois même des dérives. Toutefois, dans la plupart des cas, l'esprit du dispositif est bien compris.

Le bilan des Uteq en termes d'impact sur la délinquance ne saurait être évalué selon les seuls critères statistiques. La perception par la population et les acteurs sociaux est essentielle. A cet égard, l'intérêt du dispositif, par ailleurs peu coûteux, semble démontré, sous réserve d'un meilleur cadrage dans le choix des sites et dans la mise en oeuvre de la doctrine d'emploi."

Propositions

"Les Uteq ont prouvé à la fois leur utilité et leur efficacité ainsi que leur inscription plus ou moins confirmée dans le tissu social des quartiers. Elles constituent des outils tactiques intéressants, mais qui ne peuvent prendre tout leur sens que s'ils sont utilisés dans le cadre d'une stratégie locale claire. [...]

Sous ces conditions, les unités déjà créées peuvent être maintenues et la création d'un certain nombre de nouvelles Uteq peut être envisagée."

"Pour les Uteq déjà existantes: que soit réaffirmé, là où cela est nécessaire, le cadrage tactique consistant en une présence permanente à heure fixe, y compris le week-end, une stabilité du passage sur certains itinéraires, en privilégiant une progression à pied de deux équipes resserrées sous la protection discrète d'un véhicule.

Si les Uteq rencontrent des difficultés persistantes d'implantation, il paraît nécessaire que soient mises en oeuvre des actions de plus grande envergure pour pacifier le terrain ou accompagner la pénétration du site. Dans ce cas de figure, type Tarterêts ou Cité des 4000, l'Uteq représente l'organisation progressive du retour de la police, de la loi et de l'ordre public dans leur fonction traditionnelle [...]

Dans les cités les plus difficiles, les plus rétives à la pénétration policière, envoyer l'Uteq seule, sans un dispositif préalable ou d'accompagnement, c'est exposer inéluctablement le dispositif à l'échec.

" Pour les Uteq à créer : qu'il soit procédé _ préalablement _ à un diagnostic serré sur la nature des quartiers considérés qui doivent être des zones réellement difficiles. [...]

Les élus doivent manifester une volonté claire d'être des partenaires actifs dans la lutte contre l'insécurité, à travers des outils existants ou à développer parallèlement (police municipale, agents de médiation, vidéo-protection...) .

"L'idée d'une police plus proche et beaucoup plus offensive est une nécessité absolue face à la montée des violences et à la persistance de l'insécurité sur notre territoire."

L'impact des Uteq sur la délinquance: une évaluation difficile

"Pour les 29 territoires Uteq étudiés, la délinquance de proximité a globalement baissé de 6,8%. Cette évolution est nettement plus favorable que celle enregistrée sur les communes correspondantes (baisse de 1,8%).

Les évolutions observées concernant la délinquance de proximité présentent de fortes amplitudes en fonction des territoires. Ainsi, une baisse de cette délinquance est constatée sur 19 sites alors qu'une hausse est enregistrée pour les 10 autres. A titre d'illustration, la mission souligne les écarts enregistrés pour les 4 territoires Uteq activés début juin 2009.

Au 31 novembre de cette même année, les évolutions de la délinquance de proximité étaient les suivantes :

Orléans : + 31,2%

Villiers-le-Bel : + 24,4 %

Rouen : - 28,1%

Mantes : - 26,1%"

[...] "Cette connaissance du terrain et des délinquants d'habitude est une première source de renseignement. [Elle permet] la transmission de renseignements très utiles reposant sur les seules capacités d'observation directe des fonctionnaires _ par exemple des éléments de train de vie qui paraissent disproportionnés par rapport aux activités connues de certains individus."

"L'obtention de renseignements opérationnels auprès des acteurs de quartiers ou des habitants apparaît en revanche beaucoup plus problématique. Force est en effet de constater que cet objectif, aux dires même des fonctionnaires de l'Uteq, n'est globalement pas atteint. La crainte d'être vu, ou aperçu, en train de discuter avec les policiers et de subir ensuite des représailles est une réalité pour les habitants dans bon nombre de quartiers sensibles où sont implantées les Uteq." [...]

"On peut d'ailleurs se demander s'il est pertinent, dans la phase de présentation de l'Uteq au public, d'évoquer parmi ses objectifs, la recherche opérationnelle du renseignement, ce qui peut avoir pour effet d'accentuer la suspicion à l'égard de ceux qui ont des contacts, parfois de simple courtoisie, avec la police."

Les Uteq existantes, désormais recentrées sur des missions plus offensives et rebaptisées Brigades spécialisées de terrain, sont notamment présentes à: Nice, Marseille, Dijon, Toulouse, Bordeaux, Montpellier, Rennes, Grenoble, Orléans, Metz, Lille Strasbourg, Lyon, Rouen, Moissy-Cramayel, Meaux, Mantes-la-Jolie, Satrouville, Corbeil, Cergy, Sarcelles.
 

Les policiers de terrain reprennent du service
Eric Pelletier et Laurent Chabrun - L'Express.fr - 24/08/2010 le 30/08/2010, 09 09 11 (UTC)
 Officiellement, pas question de revenir à la police de proximité. Mais le ministre de l'Intérieur renforce les patrouilles sur le terrain. Alors qu'un rapport confidentiel incite à resserrer le lien avec la population.

Depuis la terrasse de la mairie de Toulon (Var), où s'exprime ce matin-là Brice Hortefeux, on aperçoit sans peine les quartiers sensibles que les troupes du ministre de l'Intérieur vont s'employer à reconquérir.

A droite, les deux barres blanches de Pontcarral. Vers l'ouest, La Seyne, la ville ouvrière des chantiers navals, dominée par les tours de béton, rose passé et gris. A l'est, les rives de la cité des oeillets et sa rivale, la Poncette... Des zones qui relèguent Toulon au 27e rang des villes en matière de délinquance (1). Ce 17 août, Brice Hortefeux vient installer une nouvelle unité territoriale de quartier (Uteq). Et tente de dissiper l'impression d'un retour à la police de proximité.

S'il y a bien un débat théologique dans la police, c'est celui qui oppose les tenants de la "proximité", prônée par la gauche à partir de 1997, et ceux de l'"intervention/investigation", revendiquée par la droite depuis 2002.

Les deux politiques ont un point commun : l'une et l'autre ont échoué. La généralisation de la "polprox", sous le gouvernement Jospin (1997-2002), n'a pas enrayé la hausse des atteintes aux biens. La police musclée, censée la remplacer, n'a pas permis à la droite de juguler l'augmentation des agressions contre les personnes.

Du coup, le gouvernement (re)découvre la nécessité d'une présence permanente de policiers en tenue auprès des habitants des cités difficiles. Le revirement a été initié par Michèle Alliot-Marie, alors qu'elle se trouvait encore Place Beauvau. En avril 2008, elle créait les "Uteq", sorte de police de proximité en habits neufs.

Mais, à l'heure où le gouvernement se lance dans une surenchère sécuritaire, Brice Hortefeux ne veut pas donner l'impression d'un reniement de l'exécutif. Les Uteq sont donc rebaptisées "brigades spécialisées de terrain" ; rangers et gilets pare-balles venant compléter la panoplie des agents. "Ces policiers ne sont pas des éducateurs sociaux", justifie le ministre, faisant sienne la saillie de Nicolas Sarkozy à Toulouse (Haute-Garonne), en 2003.

Et si le constat dressé Place Beauvau n'était pas si éloigné que cela du bilan effectué par la gauche en 1997? La police doit réinvestir les zones où les habitants ont le plus besoin d'elle : telle est la conclusion d'un rapport confidentiel de l'Inspection générale de l'administration daté de janvier 2010, dont L'Express a eu connaissance. Les auteurs de ce document de 40 pages l'écrivent sans détour: malgré des difficultés, les 34 premières Uteq "ont prouvé à la fois leur utilité et leur efficacité".

Certes, il faut "se dissocier du concept de police de proximité et de ses dérives", concèdent-ils. Mais ils incitent aussi à rechercher "ce qui avait représenté en son temps la motivation initiale de cette approche : le lien police-population".

Le retour de policiers en tenue patrouillant dans les quartiers sensibles ne va pourtant pas sans risques. Le 12 août, dans la cité des Tarterêts, à Corbeil-Essonnes (Essonne), des fonctionnaires de l'Uteq ont été blessés, assaillis par une soixantaine de jeunes à coups de pierres et de marteau.

Dans ces conditions, les policiers préfèrent parfois circuler en voiture, solution à la fois plus confortable et plus sécurisante. Mais pas forcément adaptée, de l'avis de l'Inspection générale de l'administration, qui préconise au contraire une "présence permanente à heures fixes, y compris le week-end [...] en privilégiant une progression à pied."

Quel impact sur la délinquance?

A Toulon, Brice Hortefeux a promis des effectifs "expérimentés". Un voeu pieux tant que les Uteq peineront à recruter. Les auteurs du rapport déplorent, de fait, la jeunesse des effectifs: "A Mantes-la-Jolie (Yvelines), on compte 9 stagiaires" sur 20 fonctionnaires.

Reste la question centrale: les unités mises en place par Michèle Alliot-Marie ont-elles eu un impact sur la délinquance? Le rapport se montre d'un optimisme prudent. "La délinquance de proximité a globalement baissé de 6,8 %", relèvent les rédacteurs, tout en pointant d'inexplicables disparités.

Uteq, maintenant brigades spécialisées de terrain... Les atermoiements de l'Intérieur ont au moins le mérite de faire sauter le carcan idéologique. Michel Bart, le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur, peut témoigner des limites du dogmatisme. Ce haut fonctionnaire, qui a travaillé aux cabinets de Jean-Pierre Chevènement puis de Daniel Vaillant, place Beauvau, entre 1999 et 2002, sous la "gauche plurielle", a assisté au naufrage de la police de proximité. Imposée depuis Paris, appliquée à marche forcée, la réforme a pâti des querelles de personnes. Ce fut un "chemin de croix", reconnaît le sociologue Sébastian Roché (2). Une erreur de méthode, plus que de philosophie.

(1) "Criminalité et délinquance constatées en France, année 2008", La documentation française. (2) Police de proximité. Nos politiques de sécurité, Seuil, 2005.



Ce bon vieux "bobby"

L'aimable bobby anglais qui déambule sans arme dans les rues de Londres n'est pas tout à fait un mythe. Pas moins de 3 600 équipes de police de proximité patrouillent dans les quartiers d'Angleterre et du Pays de Galles pour y assurer la sécurité et traiter les délits mineurs.
L'Angleterre a commencé à s'intéresser à la police de proximité dès la décennie 1970, mais c'est surtout depuis le début des années 2000 que le concept a pris de l'ampleur, sous l'impulsion du gouvernement de Tony Blair. "A l'époque, alors que la délinquance était en baisse, le sentiment d'insécurité grandissait, explique Jacques de Maillard, professeur de sciences politiques et spécialiste des questions de sécurité. Le gouvernement a alors développé la police de proximité pour rassurer la population." Tiens, tiens...
Les équipes mêlent agents classiques et auxiliaires dont la formation et le salaire sont plus faibles que ceux de leurs pairs. "Autant dire des amateurs sans moyens véritables", tonnent leurs détracteurs. "Autant dire des amateurs sans moyens véritables", tonnent leurs détracteurs. "Le dispositif semble néanmoins avoir un effet positif, non sur les chiffres de la délinquance, mais sur la confiance de la population", note Jacques de Maillard.
Les habitants des quartiers ont aussi leur mot à dire: un conseil composé de représentants locaux (élus, associations, etc.) contribue à définir les actions de ces équipes policières de quartier. Dans les années à venir, le nouveau gouvernement de coalition veut aller encore plus loin en créant, sur le modèle des pompiers volontaires, des armées locales de réservistes pour combattre la délinquance.

Magali Lagrange.
 

Hortefeux se défend de vouloir supprimer la police de quartier
Gérard Bon - Reuters - 18/08/2010 le 19/08/2010, 08 08 33 (UTC)
 Brice Hortefeux s'est défendu mercredi de vouloir supprimer les Unités territoriales de quartier (UTeQ), dispositif symbolisant un retour à une police de proximité, et a évoqué une simple évolution de ces unités.

En déplacement mardi dans le Var, le ministre de l'Intérieur avait annoncé la mise en place d'UTeQ d'une nouvelle génération mais aussi leur changement d'appellation en Brigades spéciales de terrain (BST).

La gauche y a vu la fin de l'expérience menée en 2008 par l'un de ses prédécesseurs, Michèle Alliot-Marie, pour rétablir une amorce de police de proximité, bien que le mot demeure tabou depuis que Nicolas Sarkozy l'a progressivement démantelée.

Dans un communiqué, Brice Hortefeux affirme qu'il s'agit d'une simple évolution de ces unités, qui interviendront sur des zones plus larges que les quartiers.

"Il ne s'agit donc pas d'une suppression, d'ailleurs jamais évoquée, mais d'une évolution notamment dans leur champ de compétence géographique, les UTeQ nouvelle génération n'étant désormais plus rattachées à un quartier mais à une zone de délinquance", écrit-il.

Le ministre précise que deux unités de la nouvelle génération seront implantées à Perpignan et à Toulon.

Brice Hortefeux gomme cependant toute référence aux quartiers, notion caractérisant la police de proximité.

Expérimentées en Seine-Saint-Denis, près de Paris, les UTeQ ont été étendues depuis deux ans à une trentaine de quartiers, à la grande satisfaction d'élus de gauche, qui réclament le retour à une police de proximité, mais également de droite.

L'ex-Premier ministre Alain Juppé, qui a pris ses distances avec la politique sécuritaire du gouvernement, prônait la semaine dernière le développement d'un "maillage territorial", qu'on "appelle cela police de proximité ou autrement."

"Quand le gouvernement a annoncé la mise en place des UTeQ, ces unités territoriales de quartier qui doivent justement assurer une présence policière quotidienne dans les zones sensibles, tous les maires ont applaudi des deux mains, moi le premier", expliquait-il.

Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur, avait sonné en 2003 le glas de la police de proximité créée par la gauche lors d'un déplacement à Toulouse, où il avait fustigé les concepteurs de ce type de travail policier, alliant prévention et répression.

"Vous n'êtes pas des travailleurs sociaux", avait-il lancé à un îlotier qui lui présentait un tournoi de football organisé avec les jeunes du quartier. "Les citoyens attendent d'abord de vous que vous arrêtiez les délinquants."
 

Police: Hortefeux remplace les UTeQ de proximité par des brigades plus musclées
Rémy Bellon - Les Echos - 17/08/2010 le 18/08/2010, 07 07 18 (UTC)
 Poursuivant sa croisade contre l'insécurité, le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a annoncé mardi la fin des UTeQ (unités territoriale de quartier), symbole d'une certaine police de proximité, remplacées par des "brigade spéciales de terrain" plus musclées.

Le ministre, en déplacement à Toulon et à Hyères (Var), afin de parler officiellement de la création d'une nouvelle UTeQ et d'inaugurer un nouveau commissariat, a créé la surprise en annonçant la fin de ces unités inventées et lancées en 2008 par son prédécesseur, Michèle Alliot-Marie.

Celle-ci avait installé la première UteQ en Seine-Saint-Denis à la suite d'un rapport explosif sur les difficultés des rapports police/population dans ce département sensible de la banlieue nord de Paris.

Elles ont été ensuite étendues à une trentaine de quartiers en France et sont devenues le symbole d'une certaine police de proximité, ce dont se défendaient leurs concepteurs, élus de gauche et de droite confrontés à des violences urbaines les réclamant à cor et à cri.

Leur disparition est d'autant plus étonnante que le 24 juin, M. Hortefeux avait annoncé leur quasi-doublement, au nombre de 34, après un débat entre la majorité et la gauche réclamant le rétablissement de la police de proximité créée en 1997 par le gouvernement socialiste de Lionel Jospin puis supprimée par Nicolas Sarkozy en 2002.

"Je vais en augmenter le nombre de 26", s'était engagé M. Hortefeux.

Mardi, musclant son discours et son action sur la sécurité, il a annoncé la fin des UteQ et précisé qu'elles seront remplacées par des "brigades spéciales de terrain" (BST) dont les deux premières verront le jour à Toulon et Perpignan "dès la rentrée".

Elles seront constituées de "fonctionnaires expérimentés, travaillant en tenue d'intervention", de façon plus musclée que les UTeQ, selon l'entourage du ministre. "Mot d'ordre", selon M. Hortefeux, "le terrain, le terrain et encore le terrain".

L'objectif est de "mettre fin à la délinquance et rétablir la confiance avec la population", grâce à une "action ciblée dans le temps en s'inspirant de l'emploi du temps des délinquants", a-t-il dit.

Ce ne seront pas des "policiers d'ambiance ou des éducateurs sociaux" ni des "grands frères inopérants en chemisette qui font partie du paysage", a martelé le ministre pour bien marquer la différence avec les UTeQ actuelles.

Il a ajouté avoir voulu créer ces BST après avoir pris connaissance d'un audit des 34 UTeQ existantes. Cet audit, réalisé lors de la prise de fonction de M. Hortefeux, ne prônait pas leur disparition.

Les membres de ces UTeQ "nouvelle génération" auront une formation spécifique de trois semaines et, selon l'entourage du ministre, les actuelles UTeQ deviendront des BST.

"Cette action s'inscrira dans la durée", a-t-il promis, et si les délinquants se déplacent, la brigade sera déployée en conséquence sur un "quartier plus sensible".

Des violences urbaines au trafic de drogue en passant par la déchéance de nationalité ou le hooliganisme, Brice Hortefeux occupe cet été le terrain de la lutte contre la délinquance et la criminalité.

Il entend "aller systématiquement sur le terrain" et s'engage à ne "pas reculer d'un pouce" contre la délinquance, poussé par le président de la République.

M. Sarkozy a promis, le 30 juillet à Grenoble, une "guerre nationale" contre les "voyous", un renforcement de l'arsenal répressif et prôné le retrait de la nationalité française pour certains délits ou crimes.
 

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